Qu’est-ce que la critique peut encore ? Peut-elle créer, interroger, résister ? Peut-elle – par sa parole même – devenir espace ?
C’est avec ces questions en tête que nous avons réuni trois voix critiques à l’occasion de ce nouvel épisode du Beau Bizarre, enregistré en public depuis la calade de la Maison Jean Vilar, au cœur du Festival d’Avignon. Une table ronde généreuse, pensée comme un espace de résonance, d’écoute et de friction.
À mes côtés : – Belinda Mathieu, critique spécialisée en danse contemporaine (Télérama, Mouvement, Sceneweb) – Samuel Gleyze-Esteban, journaliste pour L’Humanité – Caroline Châtelet, plume engagée pour Frictions, Jeu, Théâtre(s) et Sceneweb
Trois regards, trois sensibilités, un même désir d’arpenter ce territoire mouvant qu’est l’expérience scénique. Nous ouvrons la discussion avec des archives critiques d’Oscar Wilde et de Marcel Pagnol, pour poser les termes du débat : la critique est-elle une forme de création ? Peut-elle elle-même être soumise à l’épreuve du regard ?
Puis, nous entrons dans le vif du festival avec trois propositions chorégraphiques puissantes, contrastées, profondément politiques : NÔT de Marlène Monteiro Freitas – une ouverture vertigineuse dans la Cour d’honneur, où le corps devient flux, rituel et excès. When I saw the Sea d’Ali Chahrour – un chœur de femmes rescapées du système Kafala, pour une scène habitée par le témoignage, la douleur et la dignité. Turn On de Soraya Leila Emery – un manifeste chorégraphique sur le plaisir féminin comme force ambiguë, sensuelle et décoloniale.
À travers ces œuvres, nous interrogeons : – Ce que le rituel fait à la dramaturgie – Comment le politique peut traverser le sensible – Et comment la critique, en miroir, peut devenir expérience partagée
Un épisode comme un essai polyphonique : à la fois lecture, analyse et trace. En public, Maison Jean Vilar, juillet 2025. Avec le soutien technique de L’Écho des Planches